Le cycle de l’eau en milieu urbain: joindre l’utile à l’agréable

par Nadia Lapointe

J’ai assisté au lancement du rapport de recherche sur l’implantation des toits verts à Montréal: Toitures vertes à la montréalaise, rédigé par Maude Landreville. Cette rencontre a été organisée conjointement par la Ville de Montréal et le Centre d’écologie urbaine le 14 février dernier. Le traitement des eaux y est abordé aux pages 23 et 24. Les toits verts ne sont pas une panacée, mais méritent leur place dans le cycle de l’eau en milieu urbain.

Voici les deux modèles de réseau de collecte d’eau de Montréal. D’une part, il y a le réseau séparé qui achemine séparément l’eau des édifices (égouts sanitaires) qui sera traitée et l’eau de pluie (égouts pluviaux) qui ne sera pas traitée mais dirigée directement dans le fleuve. D’autre part, il y a le réseau combiné qui récupère dans une seule canalisation les eaux usées et les eaux de ruissellement (eaux de pluie et divers détritus). On retrouve le réseau séparé surtout en périphérie, dans l’ouest de l’île par exemple, où les constructions sont plus récentes C’est celui-ci qui doit être privilégié selon les experts.

Le fonctionnement de l’usine d’épuration de l’île de Montréal coûte 475 000 $ par jour. Lorsqu’il pleut, ce coût s’élève à 1 425 000 $ par jour. N’oublions pas que plusieurs mètres cubes d’eau de pluie sont traités parce que les villes sont de plus en plus imperméables.

Il y a une seule usine d’épuration à Montréal. Lors de fortes précipitations, le système de collecte devient surchargé et se retrouve en surverse, c’est-à-dire que l’eau de tous les réseaux est déversée directement dans le Fleuve Saint-Laurent et dans la rivière des Prairies. Cette pollution des eaux en rive nous affecte directement. En voici un exemple: si j’avais prévu aller me rafraîchir sur les plages d’Oka ou du Cap St-Jacques et qu’il y a un orage avec surverse la veille, je ne pourrai pas profiter de l’eau fraîche ; elle sera pleine de coliformes et on annoncera dans les journaux sa mauvaise qualité.

Les toits verts représentent une stratégie intéressante en milieu urbain pour améliorer la qualité des eaux en rive. Les toits verts retiennent l’eau de pluie (jusqu’à 50 %) qui n’a plus besoin d’être traitée, et qui sera absorbée par les plantes du toit et s’évaporera par la suite. D’après le rapport de recherche sur l’implantation des toits verts à Montréal, si les toitures du Plateau Mont-Royal étaient vertes, on économiserait 210 503 $ par année pour le traitement des eaux. C’est peu comparé au coût global de fonctionnement de l’usine d’épuration, mais cet argent ferait le bonheur de bien des gens que je connais.

On imagine facilement d’autres quartiers intéressants à verdir comme le centre-ville ou les édifices qui longent les autoroutes. De plus, la qualité de l’air serait meilleure. J’habite le quartier St-Michel près de l’autoroute 40, je sais de quoi je parle! Ça serait un super bon quartier expérimental! Si quelqu’un a des solutions à proposer pour éviter les surverses, qu’il ou qu’elle se manifeste auprès de la Ville de Montréal. Vous pouvez visiter l’usine d’épuration en tout temps, il suffit d’appeler en premier lieu :

En espérant que les plages seront de bonne qualité, bon été!

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