Aux arbres citoyens: Sauvons la Foret Boréale !

par Frère Ours

“Notre habileté à changer la face de la Terre augmente à un plus grand rythme que notre habileté de prévoir les conséquences de tels changements”  

La permaculture de Bill Mollison

  “Maman, qu’est ce que la forêt Boréale ?” “C’est une grande et belle forêt, mon enfant, qui se trouvait en grande partie au Québec, mais qui a disparu à tout jamais, coupée par une multinationale qui fabriquait du papier de toilette. Maintenant, mets ton masque à oxygène, avant de manquer d’air!” Et vlan! C’est le genre de discours que nous risquons fort bien d’entendre d’ici quelques années, si le rythme du massacre continue, et que nous ne faisons rien pour que ça change. Je regrette de vous le rappeler, mais nos forêts (et toutes les forêts du monde) sont constamment massacrées chaque jour. Pour que des multinationales puissent nous vendre des journaux, du papier de toilette, qui pollue notre eau, des tas d’emballages qui se retrouveront dans les poubelles et une foule de produits inutiles, qui ne rendent pas du tout hommage à nos cousins les arbres, les poumons de la Terre. Déjà la forêt tropicale est de beaucoup disparue, et c’est maintenant la forêt boréale qui risque de s’envoler en fumée. Partout au Québec, des coupes à blanc sont effectuées. Le parc La Vérendry disparaît, lentement mais sûrement, et maintenant, l’affaire est officielle, ils veulent couper une des plus grosses forêts boréales vierges du monde, l’île René-Levasseur. Tous les groupements environnementaux à travers le globe le disent, (S.O.S. Gaïa, Taïga reçue, Rain Forest Action, etc…), la forêt boréale est la forêt la plus importante à sauver sur la planète, présentement. Pourtant, notre gentil gouvernement du Québec vient tout juste de donner un contrat d’approvisionnement et d’aménagement forestier (CAAF), à une des plus grosses multinationales, tueuse d’arbres, la Kruger, inc. Et cela, sans nous en parler.  Pourtant, au début des années 80, le gouvernement jugeait l’île René-Levasseur assez importante pour la protéger des industries. Aujourd’hui ils régressent, en vendant nos arbres au diable. L’île René-Levasseur ( l’œil du Québec!) Cette très grande île (2040 km2), en forme de cercle, située au 51è parallèle Nord, est au centre du réservoir Manicouagan. Elle est le résultat d’un impact de météorite, il y a de cela, environ 215 millions d’années, constituant donc une formation géologique très rare. Cet astroblème, le 2ième plus gros cratère sur Terre, est même visible de la lune. C’est un territoire vierge, qui n’a pas été touché par le feu ni l’homme depuis 400 ans. La forêt est donc multi-centenaire! L’île abrite la plus grande et la plus nordique des réserves écologiques, celle de Louis-Babel (235 km2). Une autre 190 km2 a été déclarée zone protégée, pour un total de 20% de l’île, soit 425 km2. Mais ce n’est pas suffisant! L’île René-Levasseur est l’hôte d’une faune et d’une flore exceptionelle. Plus de 3000 orignaux (1,5 orignal par km2), des caribous (espèce menacée), des martres (espèce menacée), des carcajous (espèce menacée), des gros loups (espèce menacée), des lynx, des ours, etc… y vivent en équilibre depuis des siècles. Couper cette forêt serait un désastre écologique pour les animaux, sans compter les bouleversements des eaux, qui abritent la touladi, une sorte de truite (également menacée). L’île est une énorme pressière noire, une forêt d’épinettes noires (75%), avec aussi quelques vieux pins blancs, et quelques autres essences. Un épais tapis de mousse, d’environs 2 pieds, couvre la presque totalité de l’île, gardant une humidité et une fraîcheur au sol en permanence. Plusieurs ruisseaux coulent sous la mousse. On les entend, mais on ne peut les voir. Ces cours d’eau sont glacés, car ils ne voient jamais le soleil. Selon Bob, un frère et  focalisateur du mouvement “La Terre d’abord”, qui a passé dernièrement, une semaine sur l’île, on y ressent un sentiment de bien-être, “Comme si c’était chez-nous.“ Une mémoire ancestrale se réveille, rappelant à nos cellules un passé lointain. Si cette forêt disparaît, nous connaîtrons une grande perte de bio-diversité au Québec. La martre et le carcajou ont besoin de grandes forêts vierges pour survivre. Les travaux détruiront la couche de mousse, assécheront l’île, la rendant vulnérable aux feux de forêt, et les débris rejetés dans l’eau, troubleront tout le système aquatique du réservoir, qui avait déjà beaucoup souffert lors de la construction des barrages Manic 1-5 (pollution au mercure, augmentation de la température, particules en suspension etc…).  Il est impératif que l’île René-Levasseur soit sauvegardée! La Kruger inc Énorme multinationale de pâtes et papiers, la Kruger inc., dirigée par Joseph II Kruger, à qui notre gouvernement  a vendu notre forêt boréale, a son siège social à Montréal. Elle est propriétaire des marques Cotonelle, Papier Scott, Purex, With Swan, etc… Elle fabrique 2,2 millions de tonnes métriques de papier par année. Ses activités sont surtout au Québec, mais on la retrouve partout au Canada, aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Venezuela et en Colombie (la forêt amazonienne). Tous ça pour que nous puissions gentiment nous torcher le derrière, et par surcroît, souiller massivement notre réserve d’eau potable. Le projet de la compagnie, est de construire 2 rampes d’accostage (présentement en construction),  pour permettre à une barge de transporter les camions de bois et la machinerie lourde.  Ils commenceront à couper au printemps 2004. Environs 40 000 litres de diesel seraient transportés dans l’île, chaque semaine. Les  routes qui y seront construites transformeront ce petit paradis en  paysage post-apocalyptique. Kruger inc parle de 50 ans pour tout couper la zone d’exploitation (1615 km2). Mais en réalité, selon certaines informations discrètes, seulement 15 ans suffiraient au carnage forestier. Assez de temps pour déguerpir en vitesse, ni vu ni connu. À qui la faute!? Bien que les multinationales aient une énorme part de responsabilité sur la destruction de la planète, ce sont les gouvernements, élus par le peuple, qui sont le plus à blâmer. Au lieu de légiférer pour empêcher une exploitation sauvage de nos forêts, ils complotent dans notre dos, acceptant des pots de vin des riches industriels. Et ensuite ils osent parler de développement durable. Ils commettent inconsciemment un suicide planétaire. C’est le Ministère des ressources naturelles, de la faune et des parcs, qui gère ce genre de dossier. Le terme l’indique clairement, la forêt n’est qu’une ressource à exploiter. Ils ont annoncé la nouvelle pour l’île René-Levasseur quand tout était déjà signé, sans informer la population. Comme s’ils étaient maîtres du Québec (peut-être le sont-ils?). Le Ministère de l’environnement, qui s’occupait anciennement de la faune et des parcs, n’a presque aucun pouvoir, mis à part les cours d’eau et 25 mètres de la berge. De toute façon, en protégeant les animaux, le gouvernement n’a aucune responsabilité de protéger les plantes, laissant notre forêt à la merci des requins de l’industrie. Belle ironie! Comme si la faune était indépendante de la flore... Que pouvons-nous faire? Il est  temps  que ça change! Richard Desjardins a déjà ouvert le bal avec son film L’Erreur Boréale, il faut maintenant reprendre le flambeau et agir!  Chaque action compte. Eh oui! Nous pouvons tous faire notre part pour sauver les forêts et changer le monde. Avec de petits gestes simples, dans la vie de tous les jours, puis dans un mouvement général d’union et d’action!  Utiliser du papier recyclé pour commencer (voir article dans ce numéro de Aube),  également le papier de chanvre ou de coton, etc… Imprimez le moins possible avec votre imprimante,  boycottez  les produits jetables faits à base d’arbres. Vous pouvez aussi laver votre humble postérieur avec de l’eau et une débarbouillette (comme le font une majorité des pays dits sous-développés), au lieu de l’essuyer avec la forêt boréale. Conscientisez vos amis(es), votre famille, sur l’urgence de la situation. Et finalement, nous pouvons tous, le plus grand nombre d’individus, exprimer notre mécontentement auprès du gouvernement, des multinationales, des médias, etc… et faire savoir au monde entier que la tuerie a assez duré, et que nous devons prendre les moyens pour  renverser la machine. Appelez Kruger! Appelez le Ministère des ressources naturelles, de la faune et des parcs!  Joignez les groupes activistes de votre région (La Terre d’abord, Les Amis(es) de la Terre, Libère Terre, etc..) La désobéissance civile Si vous avez la volonté d’aller plus loin, d’autres moyens sont à notre disponibilité afin de vraiment avoir un impact percutant sur la situation. La désobéissance civile, ce mouvement initié par Gandhi, consiste en des actions  sur les  éléments directement reliés au problème, les objets, les gens, les systèmes. Ici, nous nous devons d’être prudents, car beaucoup d’actions directes sont en réalité illégales, selon leur réglementation. Mais parfois, aux grands maux les grands moyens! Il est un temps où la survie d’un écosystème mérite de prendre des risques, et d’assumer certaines répercussions. Vous êtes peut-être familiers avec les activistes qui s’attachent aux arbres ou à des structures, empêchant les travailleurs de faire leur boulot. Parfois, les  tactiques utilisées relèvent du génie civil et mettent  la vie des activistes en péril.  Cela aide beaucoup à sauver du temps dans certaines situations.   Une multitude de techniques existent sur ce genre d’actions. Si vous voulez plus d’information à ce sujet, renseignez-vous auprès de “La Terre d’abord”, un mouvement activiste, qui se spécialise dans les actions directes. Sans trop se mouiller dans l’illégalité, nous pouvons également avoir recours à de simples moyens pacifiques, qui peuvent avoir un impact sur la problématique, et ouvrir les yeux de certains en propageant la conscience. Utiliser le pouvoir de manifester, dans le respect et l’harmonie. Occuper des lieux, sans briser la loi. Il ne faut pas sous-estimer le pouvoir de la masse. Les possibilités sont très nombreuses. Avec un peu d’imagination, et beaucoup d’individus, les effets peuvent êtres phénoménaux. Les arbres-minute sont comptés! Ils nous reste encore 9 mois avant qu’ils commencent à couper sur l’île. Nous devons  profiter de toutes les précieuses secondes d’ici-là pour agir concrètement.Des voyages s’organiseront sûrement avant l’hiver, sur l’île René-Levasseur, pour archiver des images de la faune et de la flore,  et pour se familiariser avec les lieux, afin d’être prêts pour d’éventuelles actions directes pacifiques. Une multitude de tâches doivent êtres faites, que tous et chacun(une) peut réaliser, dans différentes régions. Un site web sur le dossier René-Levasseur reste à se manifester, des tables d’informations dans les écoles, cégeps et universités, à la grandeur du pays; établir un réseau de toutes personnes ou organismes susceptibles de nous aider dans cette croisades pour sauver les arbres; organiser des campagnes de levées de fonds pour défrayer les coûts de transport et le matériel nécessaire aux différentes expéditions. Richard Desjardins a dit un jour: “C’est dans les forêts que nous gagnerons la cause des forêts” C’est-à-dire que nous devons être présents sur l’île et dans toutes les forêts que nous voulons éventuellement  sauver! Il est bon de rappeler que nous avons le droit d’être sur les terres publiques, et d’y camper aussi longtemps que bon nous semble. Ce sont nos terres, en autant que l’on ne construit pas de structures permanentes (j’ai souvent imaginé un village de Ewoks, avec des maisons dans les arbres et des passerelles suspendues!). Je crois fortement que maintenant nous avons le pouvoir de sauver nos forêts, si nous unissons nos forces. Avec les télécommunications à notre portée, il est maintenant rendu possible de sensibiliser un maximum de gens, sur les cinq continents. Parlons-nous, l’union fait la force. L’île René-Levasseur peut devenir un symbole de renouveau dans la guérison de la Terre. Elle serait un endroit idéal à transformer en parc National, ou encore mieux, en Bio-sphère protégée par l’UNESCO (tout comme le mont Saint-Hilaire!).  Un lieu privilégié pour apprendre sur nos vieux écosystèmes encore inviolés par la machine. Un Sanctuaire de paix et de tranquillité.  Ici et maintenant, il est temps d’agir!

« Les seules luttes que l’on perd, sont les luttes que nous abandonnons »

Anonyme

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