Le druide est

par Raphaël Zummo

Le souci d’écologie et de vérité est davantage développé dans certains domaines de la vie que dans d’autres. Des quantités considérables d’énergie humaine ont été investies dans ce sens au niveau alimentaire, nous permettant de jouir du fruit de ces efforts dans le commerce officiel. Il en est cependant autrement pour le monde des cosmétiques. À l’exception de quelques artisans très marginaux, les produits d’hygiène et de «beauté» sur le marché sont généralement assez toxiques. Mon propos sera ici d’initier ceux qui aimeraient entretenir naturellement leur corps à une entreprise québécoise qui œuvre dans cette direction sur fond d’une démarche profondément humaine: Druide.

Tout d’abord, que signifie «druide»? Le druide est, pour la civilisation celtique, le médiateur entre les dieux et les hommes. Il porte en lui-même la sagesse cosmique sous forme d’inspirations et déverse celle-ci dans les entreprises pratiques des êtres humains. On associe le druide au chêne, arbre sacré et essentiel dans le processus de connaissance du sage. Un des aspects essentiels du savoir du druide a d’ailleurs trait au royaume des plantes: il perçoit avec acuité en celles-ci les forces qui permettent de guérir et d’équilibrer l’entité humaine. C’est là le lien avec l’entreprise, qui travaille presque exclusivement avec les plantes et leurs vertus (aromathérapie), généralement sous forme d’extraits et d’huiles essentielles. De plus, et c’est presqu’un scoop tant c’est récent, Druide vient de recevoir la certification biologique par Éco-cert, au début du mois d’avril, devenant par la même occasion la première gamme de cosmétiques en Amérique du Nord à être certifiée biologique (il y en avait déjà une soixantaine en Europe, proposant généralement un ou deux produits), et la plus vaste gamme de produits au monde à recevoir cette même distinction! Seule l’agroalimentaire étant certifiable alors, au Québec, il a fallu faire appel à Éco-cert, en Europe, afin de bénéficier de son expérience en la matière. En espérant que cela incite le Québec et les compagnies pharmaceutiques à suivre l’exemple...

En guise d’illustration, signalons que, parmi les nombreux tests et expertises requis, il fallait de surcroît, pour être certifié biologique, que l’étiquette soit claire pour le consommateur, qu’il y ait une réelle gestion des déchets et de l’énergie, qu’il n’y ait pas de recours à la biotechnologie et qu’il n’y ait aucun test effectué sur les animaux.

Je ne m’attarderai pas trop à décrire la constitution des divers produits. Ces derniers, shampooings, savons liquides et en pains, bains moussants, crèmes hydratantes et à massage, etc., sont tous élaborés avec un soin et une intelligence des synergies végétales qui ne se révèlent pleinement qu’à l’essai. Ceux qui connaissent ces produits pourront également transmettre leur satisfaction et leur ravissement à l’égard des effets qu’ils en retirent et des odeurs qu’ils y découvrent. Puisque j’ai personnellement eu la chance de travailler avec Druide et de me lier d’amitié avec son fondateur, je caractériserai plutôt ce qui s’est révélé à moi quant à l’esprit de l’entreprise.

Point d’entrevue formelle ou d’union hasardeuse. J’ai rencontré A. au Commensal et nous avons rapidement communiqué à un niveau où une confiance mutuelle et un sentiment de confrérie agit. Cet homme était à ce moment à la recherche de personnes à photographier pour le site Internet de la compagnie. C’est donc, étrangement, ma chevelure qui a enclenché le dialogue. «-Vous avez de beaux cheveux.» Et moi de répondre, tout aussi étrangement: «-C’est parce que j’utilise le shampoing Druide!». Je me suis retrouvé quelques jours plus tard à Pointe-Claire, dans le petit bâtiment calme où se brassent les potions magiques. Après une courte séance de photographie, A. me présenta le site web de Druide qui était en pleine ébauche. «-C’est bien», dis-je, mais rigoureux que je suis quant à la qualité du langage, de l’orthographe et de la syntaxe, je me mis instinctivement à corriger ce fouillis d’idées et de mots. C’est ainsi qu’il commença à reconnaître en moi, en plus d’un être humain qui lui inspire l’amitié, l’aptitude pratique de donner une forme vivante et structurée au langage. La rencontre et l’embauche sont donc de vive humanité et non de papiers, si trompeurs. D’ailleurs plusieurs employés de Druide ont noué de ce genre de lien réel, a priori, avec A.

J’apprendrai beaucoup plus tard que A. a jadis été photographe (il est sans prétention). D’abord (et toujours, en esprit) indépendant, puis le premier photographe régulier, employé à temps plein, pour Le Devoir. Je fais halte ici car le quoi et le comment des photographies dévoilent la richesse de la personnalité qui les réalise. Le quoi: les êtres humains à vif, dévisagés avec science. Le comment: on voit plus que ce que les gens pourraient dire d’eux-mêmes; les mystères du caractère, l’immensité de la beauté particulière de l’être, mais aussi toutes les misères que ne savent contenir les visages. Ça déborde de véracité. Comme celui qui se trouve derrière l’appareil…

Druide naquit au contact d’une jeunesse ardente. Le druide: retour à la terre, aux valeurs fondamentales, dans un village nommé, tout à propos, Racine (en Estrie). On puise dans le passé une sagesse qui donne une forme dépouillée, authentique à sa maison. La jeunesse: on s’investit dans le monde, on est inventif, on va de l’avant. A. livre aux gens du coin de l’eau qu’il puise lui-même, il commence à façonner des savons, les idées naissent, le dessein se dessine activement dans l’âme juvénile qui veut voir le monde fleurir et non mourir dans sa propre crasse. Ainsi rattaché au passé, ainsi élancé vers l’avenir, il emplit le présent d’un sens et d’un agir qui bouillonnent de vie féconde.

Plus tard, les lignes directrices demeurèrent les mêmes: nouer des liens humains vrais, respecter et aimer la nature, ouvrir un regard constamment neuf sur le monde; mais l’entreprise prend des proportions plus importantes. Les produits cosmétiques sains devront à l’avenir peupler les rayons des commerces citadins, et Druide se propose d’être pionnier en la matière, ici au Québec (ici en Amérique du Nord?). C’est un projet honorable, magnifique, mais ô combien difficile. Le mensonge est père du commerce aujourd’hui. Druide et son fondateur seront constamment confrontés aux vices infinis des conflits d’intérêts, au monde de l’argent dans lequel les vraies idées et sentiments sont expulsés pour le profit. Ils se verront mal appréciés par mille consommateurs qui auront, cela se comprend, tant de mal à comprendre et à avoir confiance dans le bien-fondé moral de l’entreprise, tant le commerce est généralement corrompu.

Mais A. est un véritable «missionnaire» du monde commercial qui, non seulement tient le gouvernail de son projet avec un cœur toujours attentif, mais qui renouvelle aussi ses idées, son approche, ses recettes et qui fait pousser de nouvelles branches à son chêne (dernièrement, famille de produits pour bébés, par exemple) avec un enthousiasme hors du commun. C’est à mes yeux un grand homme et Druide est pour moi à son image, lui qui en est la racine (et le fruit?). Il est pour moi, à maints égards, un «aîné», un inspirateur pour mon propre cheminement. L’appellation «Druide» qui est le vêtement de l’entreprise est donc pour moi non pas une physionomie trompeuse, mais bien un visage dignement porté par un esprit sain et louable. L’essentiel, c’est que la qualité des idées et des ingrédients demeure toujours la base des démarches commerciales de l’entreprise, tout comme le druide est pour la société celte le guide à la parole sûre pour les projets pratiques. Comme le dit si chaudement le Dr Mees dans son livre La maladie, une bénédiction… La guérison, un devoir (à lire!): «Les pieds sur Terre, la tête au Ciel!».

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