L’histoire de la petite famille en vacances : une parabole

par Robert Eichenberger Dans le cadre d’une publication qui propose des alternatives positives, j’ai décidé de vous envoyer une histoire qui est en même temps un exercice de visualisation des résultats que nous allons créer.  Tout le monde est prêt ? Alors allumons nos imaginations et partons en voyage à travers le Québec. Cette histoire commence dans le contexte du tourisme, qui est un domaine assez compétitif de nos jours.  Chaque ATR (Association Touristique Régionale) a pour but de détourner le touriste dans sa région plutôt que dans la prochaine.  On veut nous attirer sur la Côte Sud plutôt que la Côte Nord. On veut que les vacanciers  partent vers l’est plutôt que vers l’ouest.  Mais qu’avons nous à leur offrir?  Les écrans visuels d’arbres qui longent les routes de nos jours, ne trompent même plus un enfant de douze ans. Il faut leur donner du vrai! Je sais que notre territoire forestier ne mettra personne dans la joie et l’allégresse. Mais c’est encore possible de transformer un territoire (de forêt) publique qui porte au suicide, en un lieu d’espoir. Pour mieux comprendre,  imaginons une famille qui a fait  beaucoup de route pendant les vacances. Imaginez que c’est votre famille. Vous avez vu quelques belles places, mais vous avez toujours été clôturés, guidés ou menés comme du bétail parce que les milieux naturels sont rendus tellement rares que les gestionnaires ne savent plus quoi faire pour les protéger contre le stress d’achalandage. Puis vous arrivez à une place qui s’appelle le Kamouraska,  la Gaspésie, l’Abitibi, imaginez un territoire inconnu ou un territoire près de chez vous. En faisant le plein, ou au dépanneur, vous rencontrez des gens qui vous disent  de monter dans les hautes terres parce que c’est beau. Vous vous dites qu’au point où vous en êtes rendus, vous pouvez bien prendre une chance et vous y allez. Là, pour la première fois, vous trouvez une «forêt  habitée» qui l’est vraiment.  Ce n’est pas juste écrit sur un dépliant, il y a vraiment du monde partout. Les gens que vous rencontrez ont la jasette facile. On est vraiment  fier et accueillant.  Parce que c’est devenu la grosse mode de soigner nos territoires endommagés, notre nature blessée, par l’intervention de l’écoforesterie. Il y a des tipis, des campements et des terrasses rustiques. Et des familles toutes fières de vous montrer ce qu’elles ont fait, et comment elles ont procédé pour rétablir le lot qui est sous leur protection.   Bien que la végétation soit jeune, il y a tellement de diversité dans les  peuplements ! Et les arbres sont aussi resplendissants de santé que le monde qui s’en occupe. Le travail se fait sans machinerie lourde.  Les chevaux sont une passion pour plusieurs, qui peuvent en assumer la responsabilité pour le bonheur de leur partenaire animal. Pour d’autres qui n’ont pas cette affinité, on utilise une variété de petites machines légères comme des VTTs ou des motoneiges. On les  adapte ou on les modifie, pour l’efficacité et pour qu’elles  n’endommagent pas le sol,  la végétation ou les habitats fauniques. La faune devient de plus en plus variée et abondante. Les ruisseaux se sont  remis à couler... Et il y a de la truite et même du saumon qui survivent et qui se reproduisent dans les rivières ombragées, froides et oxygénées. On vous raconte que ça a pris du courage au début.  Les élites avaient été tentées de liquider le peu de forêt qu’il nous restait pour pouvoir se donner encore quelques mois de « belle vie » avant de fermer.  Mais grâce à nos choix, les participants, les travailleurs forestiers, les entreprises locaux, les investisseurs responsables et autres intervenants qui auront appuyé le projet  voient leurs efforts récompensés par une sécurité et une qualité de vie qui n’auraient pas été possibles sous le régime industriel. Heureusement, plusieurs associations d’écoforesterie et de l’Union de Foresterie Paysanne animent encore aujourd’hui, des ateliers de foresterie et de gestion adaptée aux territoires spécifiques. Même si la plupart des familles participantes habitent les villages environnants et n’installent que des campements,  l’écovillage avoisinant était très utile pour toutes sortes de conseils et d’appuis .  On y trouvait des références; allant des meilleures formes de fiducies foncières habitables à adopter, jusqu’au modèle de toilette compost le plus convenable.  En adaptant leurs critères écologiques, on partait avec une longueur d’avance. Pour l’économie locale, les participantEs et leurs familles voyaient la valeur de leurs parts  augmenter tranquillement mais constamment avec la restauration des couverts forestiers et des écosystèmes.  Quand aux entreprises qui auront cru au projet, elles pourront compter plus tôt sur un approvisionnement  régulier et constant,  de bois et de matériaux dont la qualité et le volume ne feront qu’augmenter avec le temps.  Et ce, pendant que les autres régions vivent encore avec les conséquences de leurs terres condamnées pour au moins  les cent quelques années à venir. Mais ici, vous ressentez que dorénavant, ce territoire ne sera plus jamais dévasté.  Vous êtes certains qu’un jour,  vos enfants reviendront visiter un vaste territoire aux arbres énormes.  Déjà, ils s’amusent comme des fous avec les enfants de la place.  De ces enfants, les vôtres apprennent à reconnaître les champignons et les pistes des animaux. Ils apprennent aussi à cueillir des plantes sans endommager les talles et peuplements, et à assurer une perpétuité. Après un séjour agréable, vous repartez le coeur rempli d’espoir. Vous avez hâte de raconter à vos voisins ce que vous avez vu, et de revoir ces gens heureux et courageux qui ont ramené un territoire à la vie. La morale de cette histoire :  L’espoir, autant que la beauté et les ressources naturelles,  peut  devenir une valeur sûre qui vaut bien l’investissement de notre temps, notre effort, notre argent, notre énergie  et notre générosité. FIN, ou plutôt  DÉBUT Hélas, ce projet régional de fermes forestières n’existe pas encore. Mais si on sait qu’on travaille en vue de le concrétiser, ça lui donne déjà un début de réalité.

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