Une autre façon de produire de l’électricité… ne pas en consommer

par Lili Haury Nous allons tous devenir des producteurs indépendants "d’électricité" à partir du moment où nous choisirons de réduire notre consommation d’électricité. En effet, ces watts, ainsi économisés, deviendront des négawatts qui pourraient ne jamais être consommés (réelle économie) ou être mis en "réserve" afin de palier à la demande grandissante de certains autres secteurs, en attendant que ces derniers produisent à leur tour des négawatts. C’est un beau cadeau à faire à Mère Nature que de lui remettre ce dont on n’a pas besoin. C’est ainsi que l’on devient consomm’acteur au quotidien. La consommation d’électricité du secteur résidentiel représente environ 20 % (*1) de la consommation totale de la population québécoise. Si les 2,5 millions de foyers au Québec réduisaient leur consommation d’électricité de 20 à 30 %, cette économie d’électricité représenterait un total de 4 à 6 % de la consommation totale. Voici l’importance de nos choix et nous en connaissons tous les conséquences. Il existe des campagnes de sensibilisation comme Un geste à la fois du Groupe Équiterre et Défi 1 tonne du Gouvernement fédéral, ainsi que plusieurs programmes concernant les économies d’énergie qui sont accessibles aux particuliers depuis plusieurs années à Montréal et en région. Pour vous aider dans cette démarche, Équiterre (http://www.equiterre.org) offre deux services spécifiques aux particuliers: Conseils pratiques et travaux mineurs ainsi que Analyse énergétique en vue de travaux de rénovation. Visitez le site Internet de l'Agence de l'efficacité énergétique (www.aee.gouv.qc.ca) ou communiquez avec elle au 1-877-727-6655. Le chauffage peut représenter plus de 50 % de la consommation totale annuelle d’un foyer. L’autre moitié (consommation quotidienne hors chauffage) concerne les appareils électroménagers pour 20 %, l’eau chaude pour 20 %, l’éclairage pour 5 % et divers autres 5 %, en moyenne. Le coût moyen annuel d’électricité pour une habitation avec quatre murs exposés de 1000 pi2 chauffés sans air climatisé devrait se situer à 1250 $ (1,25 $ le pi2). Pour une habitation avec deux murs exposés, toujours 1000 pi2, il devrait être d’environ 1000 $ (1,00 $ le pi2). Pour connaître la répartition de votre consommation de chauffage, prenez votre consommation la plus faible en été et multipliez cette consommation (kWh) ou le montant ($) par six, si vous recevez six factures sur l’année, si tant est que vous ne chauffez pas l’été. Retirez ensuite cette consommation d’été ou ce montant d’été du total annuel, et le solde représentera la part du chauffage. Même si le chauffage se situe entre 50 ou 55 %, il est possible de réduire cette consommation en réduisant les pertes de chaleur avec l’installation aux portes et fenêtres de coupe-froid, bas de porte, balai de porte, coupe-brise, plastique, scellant, ce qui augmentera votre confort, car il y aura moins de courants d’air et de pertes de chaleur tout en réduisant votre consommation d’électricité. Les coûts de ces légers travaux qui peuvent être de 10 à 60 $, voire plus suivant le cas, sont très rapidement remboursés par les économies réalisées. Que l’on soit locataire ou propriétaire, les économies à réaliser dépendent de ces travaux. De préférence, choisissez des matériaux plus durables, coupe-froid en métal et non en plastique par exemple. Si les thermostats muraux dans chaque pièce sont ordinaires, il se peut qu’il y ait un écart de 3 à 5 % par rapport à la réelle température de la pièce. En effet, comme on s’habitue facilement à la chaleur, un thermostat réglé à une température de 20 °C est peut-être en réalité à 23 ou 25 °C. Une pièce chauffée est confortable entre 18 et 21 °C. Si votre thermostat indique une différence de plusieurs degrés, chaque degré d’erreur augmente d’environ 3 % votre consommation d’électricité en chauffage. Il est possible de vérifier chaque thermostat en utilisant un thermostat électronique que l’on place au centre de la pièce. Après quelques minutes, tournez votre thermostat de gauche à droite (de 0 à 20 ou 25°) tout doucement tout en écoutant et en regardant à quel endroit se fait le fameux petit clic! Ce petit clic devrait se faire à la température indiquée sur votre thermostat électronique. Pour être plus précis, il doit se faire juste au-dessus de la température indiquée sur le thermostat électronique. Cet exercice peut être renouvelé dans chaque pièce. La température d’un sous-sol peut être maintenue à 11 °C sans qu’il y ait risque de gel, ainsi que dans les pièces inutilisées, à condition de fermer les portes. Ceci évitera de refroidir les pièces adjacentes et/ou situées au-dessus. La température confortable d’une habitation se situe entre 18 et 21 °C, avec une préférence pour 18° la nuit. Faites l’expérience par vous-même, quand vous vous absentez durant toute la journée (plus de 8 heures), de baisser la température de toutes les pièces. Essayez à 17, 15 et même 11 °C (pas plus bas en période de gel) et vérifiez combien de temps cela prend après votre retour pour que les pièces soient tempérées. Cette autre façon de gérer le chauffage est intéressante si on prend soin de mettre les thermostats à 21 °C à son retour et non à 25 sous prétexte qu’il fait froid quand on entre. En effet, c’est inutile, puisque c’est à 21° qu’on est bien, alors attendez. Si la plinthe électrique ne fonctionne pas plus d’une heure pour réchauffer la pièce, ce procédé est pertinent pour vous. Chacun de nous peut ainsi se créer son petit laboratoire. Ceci est basé sur l’expérience personnelle, ce n’est pas ce qui est écrit dans les livres. La principale cause d’un excès de chauffage est souvent l’humidité, car l’eau qui est contenue dans l’air donne une impression de froid, ce qui incite souvent à augmenter le chauffage. Les personnes, les animaux ainsi que les plantes sont déjà des sources d’humidité, équivalente à 2000 à 10 000 litres ou 400 à 2000 gallons au cours d’une période de chauffage de 200 jours, nous indique le guide intitulé L’air et l’humidité de la SCHL. Ce guide permet d’identifier un certain nombre de problèmes et de déterminer certaines solutions quant à l’humidité. Vous pouvez aussi utiliser un hygromètre pour mesurer l’humidité relative d’une pièce qui ne devrait pas dépasser 45 % pendant l’hiver et peut-être même 30 % pour éviter la condensation sur les fenêtres. Une façon simple d’évacuer l’humidité est d’aérer tous les jours. Ainsi, en diminuant la quantité d’humidité libérée chaque jour dans l’habitation, on peut du même coup réduire l’aération et ainsi économiser sur l’énergie, toujours d’après la SCHL. À propos de l’humidité due à la salle de bains, la ventilation de celle-ci devrait fonctionner au moins 20 minutes après chaque douche, en fermant la porte. Si la ventilation fonctionne en même temps que la lumière et que cela vous dérange, mettez un interrupteur directement sur la ventilation qui sera actionné au plafond en tirant sur une cordelette. Le linge ne devrait jamais être étendu à l’intérieur en hiver, les systèmes de chauffage sont là pour chauffer de l’air, mais pas de l’eau. L’élément chauffant d’une sécheuse chauffe un espace réduit, très rapidement. Le coût annuel de la sécheuse est d’environ 53 $ pour une durée de séchage d’environ 3 heures 30 par semaine (52 semaines). Sécher le linge à l’intérieur de l’habitat tout l’hiver peut coûter 4 à 6 fois plus cher que la sécheuse suivant le cas. La solution qui reste encore la plus simple est de sécher le linge à l’extérieur aussi longtemps que la température extérieure le permet, voire tout l’hiver. Ramassez le linge dans l’après-midi et vous verrez qu’il reste très peu d’humidité. Il est important de vérifier si l’évacuation de la sécheuse se fait bien vers l’extérieur. Des murs fissurés ou un isolant en mauvais état peuvent occasionner des infiltrations d’air froid de l’extérieur et de l’eau peut aussi s’infiltrer par les murs. Aérer pendant tout l’été un sous-sol humide réduira certainement le problème d’humidité tout en réduisant les risques de champignons. Pour les multi-logements, parlez-en à vos voisins, car ils ont peut-être eux-mêmes des problèmes d’humidité. Ce guide de l’air et l’humidité de la SCHL vous permettra d’identifier la plupart des problèmes et solutions à ce sujet. Une économie d’au moins 5 % (A) est réalisable sur le chauffage avec toutes ces interventions. Informez-vous, car il y a une multitude d’autres aménagements à réaliser dans votre habitation. Depuis une dizaine d’années, certains appareils électroménagers ont vu leur consommation d’énergie se diviser par quatre, tel le réfrigérateur. Le Répertoire ÉnerGuide des appareils ménagers 2003 nous indique qu’un réfrigérateur (compartiment congélateur dans le haut 16,5 pi3 à 18,4 pi3) consommait en moyenne 1454 kWh/an en 1984. Un réfrigérateur EnerGuide peut avoir une consommation d’environ 500 kWh/an (2000) et un réfrigérateur Energy Star (*2) peut consommer environ 400 kWh/an. Cela fait donc une économie d’énergie du simple au double, voire au triple pour le modèle Energy Star Pour le lave-vaisselle, toujours depuis environ 10 ans, la consommation est deux fois moins élevée pour le modèle avec le logo EnerGuide et un peu plus performant pour le modèle avec le logo Energy Star. La laveuse (eau tiède) consomme trois fois moins (EnerGuide) et quatre fois moins si la laveuse a le logo Energy Star. La consommation du congélateur a depuis baissé de moitié environ. La sécheuse et la cuisinière sont les électroménagers dont la consommation est restée sensiblement la même, ce qui est certainement causé par leurs éléments chauffants. En conclusion, la consommation d’électricité de quatre électroménagers sur six a baissé de moitié, et plus pour certains appareils. Ils sont donc plus efficaces et seront aussi plus durables que les bons vieux gros électroménagers. Après vérification dans les magasins spécialisés et suivant le répertoire EnerGuide 2003, l’achat d’électroménagers éconergivores pourrait faciliter des économies d’électricité d’au moins 10 % (B). Pour chauffer l’eau domestique uniquement consommée, l’utilisation du chauffe-eau mural au gaz peut être une alternative. Il existe plusieurs modèles de capacités différentes. Maintenir de l’eau chaude en attente dans un réservoir coûte cher. En Europe, il existe un tarif de jour et un tarif de nuit, une autre alternative qui pourrait être mise en place dans les années à venir. En attendant, vous pouvez baisser la température des éléments en haut et en bas du chauffe-eau à 55 °C. Une température plus basse que 50 °C peut favoriser le développement de bactéries et vous fera consommer plus d’eau chaude, car moins d’eau froide sera nécessaire pour le mélange. Fermez le breaker du chauffe-eau si vous réglez les thermostats plus bas. Une douche efficace qui consommera 9 L par minute et une réduction de la durée des douches, environ 10 minutes, devrait aider à réduire de 3 % (C) la consommation d’eau chaude. Installez des aérateurs à tous vos robinets. Si la part du budget pour l’éclairage est de 5 % et que vous remplacez tous vos éclairages de 60 watts par des lampes fluo compactes qui consomment 5 fois moins et durent 10 fois plus de temps, mais aussi qui sont plus résistantes dans une vieille installation électrique, il se pourrait que votre consommation électrique pour l’éclairage soit divisée par cinq, ce qui représente une réduction de 4 % (D) Si 2,5 millions de foyers réduisent de moitié leur consommation d’électricité concernant les 5 % attribués aux divers, cela entraînerait une économie globale de 2,5 % (E), ce qui pourrait être réalisé simplement en faisant appel à notre imagination. Une gestion différente de notre consommation d’électricité démontre à quel point les résultats sont rapides, ce qui est d’autant plus nécessaire si nous sommes désireux de devenir producteurs autonomes d’énergie avec des systèmes d’énergie renouvelables tels que les systèmes éolien et/ou photovoltaïque (production d’électricité) et thermique (chauffe-eau solaire). Chaque kWh consommé en trop ou inutilement aura pour conséquence d’augmenter la puissance du système installé et son coût. Pour atteindre une autonomie partielle ou complète avec ces systèmes, il est donc important de savoir comment réduire sa consommation d’électricité afin d’atteindre l’autonomie désirée, ce qui rendra plus réaliste tout projet. Choisir des appareils fonctionnant à basse tension (12, 24 V) favorisera l’utilisation des systèmes éoliens et solaires. Les appareils basse tension sont performants et ont de bonnes capacités, mais surtout ils consomment beaucoup moins. Dès la première année, il est possible de réaliser une économie d’environ 20 %. (5 % (A) + 10 % (B) + 3 % (C) + 4 % (D) + 2,5 % (E) = 24,5 %). Après deux ou trois ans, chaque personne peut devenir productrice de négawatts tout en réalisant une économie qui pourrait représenter un tiers de sa consommation. (*1) L’énergie au Québec 2002, min. des Ressources naturelles Québec (*2) Energy Star est une marque internationale de haute efficacité énergétique http://energystar.gc.ca

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