Alternatives de vie au Campement de la jeunesse

par Julia-Maude Le Campement de la jeunesse se veut un laboratoire de l’autogestion au sens large, chacun-e lui donnant sa propre signification. Le Campement se veut un espace de discussion politique et un lieu de mise en pratique de nos idéaux. Il n’est donc pas surprenant qu’il devienne un lieu d’échange sur des styles de vie différents de ceux que nous propose la société capitaliste. Nous retrouvons ces initiatives dans différents volets du campement. Des discussions enrichissantes Au Campement de la jeunesse, il existe autant de réponses au mode de vie capitaliste qu’il y a de participant-e-s. Ces alternatives aux modes de fonctionnement de la société de consommation se découvrent à tout moment, ne serait-ce que lors d’une discussion au bord du feu. On peut alors entendre parler de l’initiative du collectif Écosol, qui parcourt les routes du Québec dans un autobus jaune alimenté à l’huile de patates frites recyclée pour faire de la sensibilisation sur la consommation responsable. Fait aussi partie de leurs bagages une machine à coudre à manivelle pour revaloriser des tissus usagés et une yourte (tente traditionnelle de Mongolie) faite de matériaux recyclés dans laquelle on peut déguster cafés et thés, équitables bien sûr! Écosol Québec: www.ecosolquebec.org (en construction). Courriel: ecosolquebec@no_log.org. D’autres discussions, formelles celles-là, c’est-à-dire inscrites à la programmation, ont aussi nourri les réflexions et donné d’autres pistes de solutions. Mentionnons entre autres le cercle de discussions femme-santé-sexualité où on a discuté d’alternatives menstruelles et contraceptives. Les discussions ont porté notamment sur les implications politiques, sociales et écologiques de l’usage des produits d’hygiène menstruelle traditionnels: la pollution, puisqu’une femme utilisera en moyenne 10 000 tampons ou serviettes au cours de sa vie; la santé, puisque le lien entre les tampons, notamment blanchis au chlore, et le Syndrome du Choc Toxique a été établi, ou l’encouragement d’une industrie du coton dommageable pour l’environnement… Autant de bonnes raisons pour passer à autre chose ! Toutes ont partagé leurs solutions menstruelles, que se soit les fameux récipients menstruels Keeper et Diva cup qui recueillent le flux menstruel tout en permettant une vie active ! Pour ce qui est des serviettes sanitaires, on a discuté des serviettes (lavables) durables fabriquées en tissu confortable et recyclé de préférence, discussion qui s’est concrétisée par un atelier de confection. Pour plus d’info: www.bloodsisters.org. En ce qui concerne les contraceptifs permettant à la femme de prendre le contrôle de son corps plutôt que les hormones chimiques ne le fassent pour elle, on a présenté la cape cervicale, méthode de contraception mécanique qui se présente sous forme de petit récipient à placer sur le col 30 min avant la pénétration, et qui se garde jusqu'à trois jours. Pour plus d’information sur cette méthode, consultez le site du Centre santé des femmes de Montréal qui offre un atelier sur la cape cervicale: www.csfmontreal.qc.ca. Les plantes telles la carotte sauvage, l’achillée millefeuilles et d’autres encore peuvent aussi être employées soit pour réduire le flux menstruel, soit comme contraceptifs. En rappelant toujours que même si ce sont des plantes, cela ne veut pas dire qu’elles ne causent aucun dommage. Il faut en particulier faire attention aux doses, car dans certains cas elles peuvent devenir abortives. Dans les mœurs du Campement Dans toutes les sphères du campement, même aux fourneaux, nos valeurs étaient mises en pratique. Bien que ce ne soit pas le seul type d’alimentation présent au campement, la nourriture était essentiellement végétalienne; on a d’ailleurs fait un méchoui qui répondait à d’autres règles de base d’une consommation réfléchie, soit l’achat local dans une boucherie artisanale du village voisin. Le biologique était aussi privilégié lors des achats. La cuisine collective donnait lieu à une gastronomie originale, remplaçant par exemple les œufs par des graines de lin dans les gâteaux. D’autres types de récupération ont aussi surgi de l’esprit bouillonnant de nos « chef-fe-s recycleurs », tel que transformer les macaronis de la veille qui avaient trop cuit en délicieuses crêpes le lendemain matin. Au niveau des infrastructures que l’on a bâties en accord avec ces valeurs, il y a eu entre autres la mise sur pied d’un système complet de toilettes sèches: des planches de bois à la fosse à compost où on a utilisé du brin de scie et du foin pour la litière. Résidus qui serviront de fertilisant dans deux ans. Dans les ateliers Un atelier offrait un excellent résumé de toutes ces alternatives de vie. Il s’agissait d’un projet d’encyclopédie virtuelle des techniques alternatives de vie. Jean-Luc Henry, un des fondateurs du projet, est venu nous parler « d’Ekopédia » qui est faite de façon à ce que quiconque possédant des connaissances sur des techniques, quelles qu’elles soient, et sur quelque sujet que ce soit, peut apporter ou bonifier les articles (système Wiki). De grands axes, tels l’habitat, l’habillement, l’alimentation et la création, servent de repères pour les articles. Nous y retrouvons de tout, des recettes de shampooing en passant par des techniques de tissage et des techniques pour faire son toit végétal www.ekopedia.org. Un autre atelier: celui de Michel Desgagné et sa copine Valérie Jamin qui ont effectué en 2003 une tournée des écovillages, communes et autres regroupements écologiques. Cet atelier nous a permis de prendre conscience que le Campement s’inscrit encore plus dans cette mouvance globale de cohabitation cette année, puisque le Campement se situait sur le site du futur écovillage au Mont Radar. Outre les discussions politiques, le Campement de la jeunesse a permis à plusieurs de partager leurs propres alternatives à la société de consommation, de mettre en pratique quelques techniques au sein même du Campement et d’en faire la promotion à travers les ateliers du Campement. Constatant l’illogisme du mode de vie capitaliste, les participants vont sans nul doute continuer de mettre en pratique ces alternatives et surtout de réseauter, car une personne seule de peut sans doute pas grand-chose, mais un groupe de personnes possédant les mêmes valeurs et investissant dans des projets communs, tels ceux des écovillages et les Campement de la jeunesse, peuvent faire bouger notre société.

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